Et si l´on encourageait les générations à venir à davantage développer leur esprit d’entreprise, leur donnant ainsi une clé possible pour leur futur, tout en aidant la Tunisie à recouvrer la santé via une relance de son économie et de sa compétitivité?
L´entrepreneuriat est un moteur essentiel pour l´économie et l´emploi. Force est toutefois de constater que des différences notables apparaissent entre les performances entrepreneuriales de la Tunisie, des USA ou de la Nouvelle‐Zélande par exemple. L´asbl Les Jeunes Entreprises explique, entre autres, ces différences par le fait que des milliers de jeunes tunisien finissent chaque année leur cursus obligatoire sans jamais avoir été sensibilisés à l´Esprit d´Entreprendre et/ou à l´environnement économique. Il apparaît dès lors primordial d´encourager la jeunesse à entreprendre pour apprendre, à apprendre pour entreprendre et, surtout, à faire en sorte de soutenir et d’encourager un jeune qui déciderait de voler de ses propres ailes.
Chaque année, des milliers d´étudiants quittent leur université pour le monde du travail. Disposant d´un bagage de connaissances et compétences plus ou moins développé, pas mal d´étudiants décrochent rapidement un travail à la hauteur de leur diplôme. Bravo! Cependant, nombreux sont aussi les étudiants qui rament pendant des mois avant de trouver un emploi stable qui leur permettra de se construire un début d´avenir. Nombreux sont ainsi ceux qui, fraîchement diplômés, se retrouvent à parcourir les Salons de l´Emploi çà et là, à scruter le web et à envoyer des CV à tout va. En vain. D´où l´importance d´éveiller davantage encore l´intérêt des générations à venir à l´entrepreneuriat.
Certains programmes et concours entrepreneuriaux existent déjà et visent à encourager les étudiants à poser un regard nouveau, créatif et innovant sur les problématiques qui les entourent. Citons pêle‐mêle le plan CREATIVE WALLONIA, la Start Academy, ´1.2.3 Go´, le concours BIR&D ou encore le programme Starter ou Nest´Up. Sans oublier les nombreux salons réservés aux entrepreneurs, dont l´annuel Forum Mind&Market. Autant d´occasions de se monter un réseau et d´enrichir ses projets au contact d´autres personnes animées d´un même esprit entrepreneurial.
Favoriser la créativité
La jeunesse a ça d´étonnant qu´elle dispose d´un esprit quasi vierge de toute contrainte, l´amenant à répondre de façon créative à des questions autrefois sans réponse. Et la créativité est primordiale au développement d´une nouvelle activité entrepreneuriale. C´est parce que le créateur d´un nouveau produit ou service parvient à sortir de (et à changer) son cadre de pensée qu´il trouve une solution concrète et appropriée à un problème donné. Alors, bien sûr, on ne verra jamais une ´théorie de la créativité´ voir le jour : la créativité est davantage un état d´esprit propre à chacun qu´une connaissance théorique dont il nous serait possible d´étudier les composantes en vue de répéter le même processus. N´avez‐vous jamais réussi à théoriser le bonheur? Il en va de même pour la créativité. À tout le moins, rien ne nous empêche, par contre, de faire usage et d´entretenir nos facultés créatives. La créativité ne s´achète pas : tout le monde naît avec un même capital de départ. Après, ce sont les personnes que nous rencontrons, l´environnement dans lequel nous évoluons et les situations auxquelles nous faisons face qui forgent et modélisent notre cadre de pensée et nos aptitudes créatives. D´où l´importance d´instaurer un environnement qui favoriserait et encouragerait les jeunes à préserver cet intérêt du ´pourquoi´ et du ´comment´ des choses. Et ce, dès le plus jeune âge, via des modifications à notre système éducatif notamment.
Apprendre à entreprendre
Un tel environnement propice à la créativité passe notamment par l´instauration et la promotion de programmes ludiques et éducatifs à l´école, lesquels viseraient à sensibiliser les jeunes à l´Esprit d´Entreprendre. C´est dans ce but que l´asbl ´Les Jeunes Entreprises´ (LJE) a vu le jour en 1977. L´association contribue par ses différents programmes à la promotion de l´entrepreneuriat en Belgique.
Ainsi, le programme ´Notre commune´ a été mis au point pour les jeunes de 10 à 12 ans, alors qu´un autre programme phare est celui des ´Mini‐Entreprises´ où, pendant une année entière, une équipe de jeunes ados crée et gère une mini entreprise avec des actionnaires et des assemblées générales. On les amène à gérer un projet de façon professionnelle de A à Z. Autant d´apprentissages qui font germer çà et là des projets entrepreneuriaux, aidant les étudiants à mieux se projeter dans le futur et à mieux se renseigner quant à leur choix d´études notamment. Chaque année, ce sont des milliers de jeunes de l´enseignement
primaire, secondaire et universitaire qui bénéficient du travail effectué par les conseillers et les dizaines de bénévoles que compte cette association.
Les responsables politiques doivent agir concrètement sur le terrain, via une adaptation des programmes scolaires qui intègreraient, par exemple, un cours d´Eveil à l´Entrepreneuriat ou en incitant davantage d´étudiants à participer à des projets entrepreneuriaux extra scolaires, comme ceux proposés par Les Jeunes Entreprises. C’est ainsi que le taux d´activité entrepreneuriale belge et les perspectives liées ont une chance d’aller en s´améliorant.
´Créer, reprendre une entreprise ou prendre la tête d’un département : cela ne s’improvise pas´. C´est pourquoi certaines universités belges proposent depuis plusieurs années des formations à caractère entrepreneurial, lesquelles visent à encourager et soutenir des étudiants issus de plusieurs facultés différentes à la création d´entreprise et à l’entrepreneuriat au sens large. C´est le cas de l´Université Catholique de Louvain (UCL) qui, en septembre dernier, a fêté les 15 ans de son programme interdisciplinaire en création d´entreprise (CPME). ´Depuis 15 ans, la formation CPME forme les étudiants qui veulent se lancer dans l’aventure´. Une formation qui, chaque année, rencontre davantage de succès!
Le point d´orgue de la formation réside dans la rédaction d´un mémoire interdisciplinaire sous forme d´un business plan. Concrètement, les étudiants sont amenés à former une équipe de deux, trois ou quatre étudiants issus de facultés différentes. Ensemble, ils réaliseront un mémoire commun visant à étudier la faisabilité technique, commerciale et légale de la mise sur le marché d´un nouveau produit ou service, chaque étudiant mettant à profit son expertise dans le domaine. Cette démarche est d´autant plus stimulante qu´elle est valorisée et valorisante pour chacun. Surtout lorsque l´on a l´occasion de s’exercer ‐ voire de
s´illustrer ‐ lors de l´un ou l´autre concours d’idées ou de projets en Belgique ou à l´étranger.
Les jeunes ont des idées
Nos jeunes ont des idées. Pour vous en convaincre, rien de mieux que d´assister à l´un ou l´autre pitch à l´occasion de concours entrepreneuriaux : vous seriez étonnés de la richesse des idées qui y sont brassées. Faut-il rappeler que c´est un étudiant qui est à l´origine de Facebook? À l´échelle nationale, citons le succès de plateformes web telles que Storify, ClickYourCar, BePark ou Djengo par exemple, toutes nées de l´imagination d´étudiants belges.
Comme le Livre Vert pour l´Entrepreneuriat le suggère, un travail important au niveau des mentalités doit avoir lieu. Ainsi, une mentalité positive, constructive et confiante en l´avenir aide à la construction d´un projet. Et si l´esprit entrepreneurial est davantage développé de l´autre côté de l´océan Atlantique, c´est notamment en raison de cette mentalité particulière qui fait souvent défaut dans notre pays. Savez-vous qu´un échec en affaires y est quasiment davantage valorisé qu´un succès, en raison des apprentissages que cela implique? Et soyez sûrs que l´on encourage les entrepreneurs à se relancer, peu importe s’ils ont échoué auparavant : ils ne referont probablement plus les même erreurs.
Impensable en Belgique : si échec il y a, il est davantage perçu comme relevant de votre responsabilité propre. C´est probablement imputable à vos performances managériales qui n´étaient pas à la hauteur et il y a peu de chances que l´on vous accorde une deuxième chance. L´échec entrepreneurial devrait pourtant être une expérience à valoriser, plutôt qu´à dénigrer. Vous avez osé vous lancer. Vous avez osé prendre le risque. Vous avez eu l´occasion d´analyser votre échec avec recul afin de mieux en saisir les raisons, ce qui va vous permettre de mieux rebondir. L’essentiel pour entreprendre serait peut‐être comme pour l’apprentissage des langues : oser se lancer !
Encore une chose : il y a encore de l’argent en Belgique. Il reste cependant à mieux mobiliser cet argent disponible pour le mettre à disposition de jeunes gestionnaires au sein de nouvelles entreprises, plutôt que de le laisser reposer sur des comptes d’épargne où il n’y a plus d’intérêts à gagner ou que de l´investir aveuglément dans des produits boursiers obscurs.
Ainsi, éveiller les jeunes à l´esprit entrepreneurial au travers d´activités telles que les ´mini entreprises´ et autres programmes extra scolaires est une initiative à soutenir et à encourager à tous niveaux. Et cela pourrait commencer dès demain en faisant du storytelling. C´est de repères, de modèles et d´objectifs que notre jeunesse a besoin. Plutôt que de focaliser l´actualité sur les maux et les échecs de la société, pourquoi ne pas davantage mettre en valeur les jeunes qui investissent dans l´avenir? Mettre en avant le parcours atypique et les projets créatifs et innovants d´entrepreneurs qui décident de se lancer. Leur donner un coup de pouce et les encourager dans leur entreprise, soutenir les différentes initiatives entrepreneuriales qui voient le jour, parier sur les générations à venir. Et créer davantage de synergies entre investisseurs et jeunes gestionnaires créatifs talentueux. Dès aujourd´hui.